Skinshape (Interview)

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Big day with the very first interview on Label Pépite.
After reading our article, Skinshape (Will Dorey) has accepted to spend a bit of his time answering our questions which will give us the possibility to better get to know him.

(Version française plus bas)

Let’s dive straight into his world.

– Hi Will, with the small amount of information I could find on the internet I tried to make the best description I could. But how would you describe yourself ?

– Well so I’m 23, I live in London, I’m obsessed with sounds (…) never stopped recording ever since I’m 16 years old and I used to play in a rock band at school. When I was 16 I began to record my own stuff, just experimenting and that never really stopped.
So now, this year especially, I just spend so much time recording anything from ‘Skinshape’ to any other stuff.

– Do you play every instrument on your tracks ?

– With ‘Skinshape’ I attempt to play most of the instruments. I learnt the guitar first and I play the bass pretty well now but I’m not really into drums and that’s the main thing, so I get a drumer from Slovakia.
I use whatever I can play ! I’ve got a flute, lots of percussions, a sitar, I also can play keys quite well. And if I need, I can get a guest singer or if I can’t play a part of the keyboard I get a friend who’s much better.

– Why ‘Skinshape’ ?

– No particular reason, when I started that I thought « what would be a cool name ? » (I was sitting in my parents house) and that sounded quite cool, so I never changed !

– You just released a debut album with the label ‘Melting Records’, what did you try to do in this album ? what was your main inspiration ?

– Well to be honest it’s kind of a collection, I’ve done so many tracks that haven’t been released, so it’s the one that were the best and most ready for release.
I always do stuff in different styles so I thought : let’s get some stuff together that sounds like it would go together.
Some of my tracks have been made 3 years ago so I tried to make them sound better, one of the main things was clearing the drum samples. The label is also asking for a coercitive album and they didn’t want some tracks I chose for the release.
There wasn’t a massive goal in this debut album, the goal was more the sound of ‘Skinshape’.

– You also have your own reggae label called ‘Horus Records’, can you explain us what the project is about ?

– That started the summer of 2013, because it was difficult to get a label to sign you, you don’t wanna keep sending millions of emails to people who run labels saying « can you sign me ? can you sign me ? » and you never get replied. I then said to my friend « let’s start a label ! » so we can release stuff ourselves.
We had another friend making reggae and we loved it, so we released a song called ‘soul groove’ with a reggae side and a dub side made by a friend in Manchester.
Later we met someone who had some mastertapes of all Jamaïcan 1970’s stuff and he wanted to re release it. So we began to look for rare records and licensing them again for release. We’re slowly building ourselves.

– What’s the next step for you, are you working on a brand new ‘Skinshape’ album or more on ‘Horus Records’ ?

– Everything, always ! Yesterday I was working on a complete different project and later this week I’m recording with this band called ‘Palace’.
I basically do 3 projects : ‘Skinshape’, ‘Horus Records’ and ‘Palace’ where I play bass and sing with, it’s kind of a rock band and we are doing a tour of Europe next year. It’s always varied !

– Have you planned any gigs soon ?

– For ‘Skinshape’ there was, at one point, a live project but it’s kind of difficult to organise a band of 8 or 9 people so I just stopped. I wanted to focus on the music, recording first and maybe later get a live band like ‘Bonobo’ did. I only want to do live if I can do it properly.
For ‘Palace’ we would go to ‘Eurosonic’ and other festivals around Europe in january, we would come back in Paris in February. In summer we’re going to play in Glastonbury, tour Europe and going to America.
‘Horus Records’ have no lives either, it’s more about working on new projects and continue building up. We’re about to finish the second ‘Skinshape’ album and we already planned a third one.

– Thank you so much for your time Will and good luck with all of your projects !

– You’re welcome ! Thank you for sharing my music.

FRANÇAIS :

Grand jour aujourd’hui avec la toute première interview sur Label Pépite.
Suite à notre article, Skinshape (Will Dorey) a bien voulu nous accorder un peu de son temps pour répondre à quelques questions et vous permettre d’en savoir un peu plus sur cet artiste méconnu.

Alors plongez avec nous dans son univers musical !

– Bonjour Will, avec le peu d’information que j’ai pu trouver sur toi j’ai essayé de faire la meilleure description que j’ai pu, mais comment te décrirais-tu ?

– Alors j’ai 23 ans, je vis à Londres et je suis passionné par les sons. Je n’ai jamais arrêté d’enregistrer depuis l’âge de 16 ans, car je jouais dans un groupe de rock à l’école.
À cet âge-là, j’ai commencé à enregistrer mes propres trucs qui étaient, au début, très expérimentaux.
Aujourd’hui, et particulièrement cette année, j’ai passé beaucoup de temps à enregistrer toutes sortes de choses allant de ‘Skinshape’ à d’autres projets.

– Est-ce que tu joues tous les instruments dans tes morceaux ?

– Avec ‘Skinshape’, j’ai essayé de jouer un maximum d’instruments présents. J’ai appris en premier la guitare et maintenant je maîtrise bien la basse, mais mon problème c’est la batterie, je fais donc appelle à un batteur de Slovaquie.
J’utilise tous les instruments dont je suis capable de jouer : j’ai une flute, beaucoup de percussions, un sitar … Je peux aussi jouer un peu de piano et pour les morceaux plus difficiles je demande à un ami qui est plus fort que moi, et quelques fois quand j’en ai besoin, je fais appel à un chanteur.

– Pourquoi ‘Skinshape’ ?

– Il n’y a aucune raison particulière, quand j’ai commencé je me suis dit que ce serait un nom stylé. J’étais assis chez mes parents et j’ai pensé «quel nom pourrait être cool ?» puis je n’ai jamais changé.

– Tu viens tout juste de sortir ton premier album avec le label ‘Melting Records’, que voulais-tu montrer avec cet EP ?

– Pour être honnête, c’est une sorte de compilation, j’ai tellement de morceaux qui ne sont jamais sortis que j’ai pris les meilleurs et ceux qui étaient les plus aboutis.
J’ai toujours fait de différentes choses dans différents styles alors j’ai essayé de réunir des morceaux qui se ressemblaient et qui allaient bien ensemble.
Certains morceaux ont été composés il y a 3 ans, alors j’ai essayé de les améliorer. Une des choses principales était de retravailler les samples de batterie. Le label voulait un album cohérent et ont refusé certains morceaux que j’avais choisis pour le lancement.
Il n’y avait donc pas de but déterminé pour ce premier album, mais seulement le ‘style’ Skinshape.

– Tu es aussi le cofondateur du label de reggae ‘Horus Records’, pourrais-tu nous en dire plus à ce propos ?

– Tout a commencé l’été 2013, car c’était difficile de se faire signer par un label. J’en avais marre de ne jamais avoir de réponse aux millions d’emails que j’envoyais, alors j’ai proposé à un ami que l’on créé notre propre label pour produire nos propres trucs.
On avait un ami qui composait du reggae et qu’on aimait bien alors on a lancé une chanson qui s’appelait ‘soul groove’ avec un côté reggae et un côté dub produit par un ami de Manchester.
Plus tard nous avons rencontré une personne qui avait de vieux enregistrements jamaïcains des années 70 et qui voulait les relancer. Nous avons alors commencé à chercher des enregistrements rares pour les rééditer et c’est comme ça que nous avons commencé doucement à construire notre label.

– Quelle est la prochaine étape ? Es-tu en train de travailler sur le prochain album de Skinshape ou plutôt sur de nouvelle production avec ‘Horus Records’ ?

– Je travaille plein de choses en même temps ! Hier, je travaillais sur un projet complètement différent et en fin de semaine je vais enregistrer avec le groupe ‘Palace’.
En gros j’ai trois projets : ‘Skinshape’, ‘Horus Records’ et ‘Palace’ dans lequel je joue de la basse et je chante. ‘Palace’ est une sorte de groupe de rock qui va faire une tournée en Europe l’an prochain. Mes projets sont toujours très variés.

– Quelques dates de concert prochainement ?

– Pour ‘Skinshape’ il y avait, à un moment, un projet de concert mais il s’est avéré très difficile de coordonner un groupe de 8/9 personnes alors j’ai arrêté. Je voulais me concentrer sur la musique, enregistrer d’abord et peut-être, plus tard, construire un live comme ‘Bonobo’ a fait.
Je veux faire de concert que si je peux bien le faire.
Pour ‘Palace’ nous irons à ‘Eurosonic’ et d’autres festivals autour du mois de janvier ensuite on reviendrait à Paris en février. Cet été on va jouer à Glastonbury, on fait un tour d’europe et partons aux États-Unis.
Avec ‘Horus Records’ on ne fait pas de concert, c’est beaucoup plus centré sur le travail de nouveaux projets pour continuer à évoluer. À côté de ça, nous avons presque fini le deuxième album de ‘Skinshape’ et nous avons déjà planifié un troisième.

– Merci beaucoup Will et bonne chance dans tous tes futurs projets !

– Avec plaisir ! Merci à toi de partager ma musique.

Khruangbin

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Ce groupe au nom imprononçable est un trio de la ville de Houston, au Texas.
Laura Lee, Mark Speer et Donald Johnson se décidèrent à monter ce groupe en 2010, après une tournée avec le label Ninja Tune.

Puisant leurs influences de cassettes de Thaï-funk des années 60/70 et de BO de Tarantino, le trio en ressort un son clair et enjoué aux allures aussi bien psychédéliques que surf-rock.

On retrouvera dans ce premier LP The Universe Smiles Upon You’ un monde exotique et paisible, où la batterie languissante et les quelques textes, témoignent d’un travail bien fini.
Enregistré dans un grange au fin fond du Texas, Khruangbin nous livre aujourd’hui un album à son image : naturel et authentique.

Pépites : Two Fish and an ElephantDern KalaPeople Everywhere.

JP Manova (Interview)

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Souvent appelé « le secret le mieux gardé du rap français », JP Manova sort enfin son premier album 19h07 après de longues années d’attente.

En effet, 20 ans après ses premiers titres aux cotés de Doc Gynéco ou encore Flint, l’homme de l’ombre nous offre aujourd’hui un album qui sent bon le rap français et la maîtrise du texte. Nous avons eu la chance de le rencontrer à la suite de son concert à La Cave aux Poètes (Roubaix) pour qu’il nous livre, lui même, sa vision du rap. Je vous laisse donc en sa compagnie pour apprécie le grand départ d’un rappeur old-school.

Rembobinons toute l’histoire et revenons au début. Dans ta jeunesse, quelles ont été tes premières expériences musicales ?

– Étant Caribéen, j’ai reçu plusieurs influences musicales dans mon enfance. Mes frères et sœurs écoutaient de la new wave et des choses plutôt actuelles, ma mère écoutait du jazz et de la soul, et moi j’aimais bien la musique classique.

– Et le rap dans tout ça ?

– Je pense qu’il y a des gens qui entendent des sons dans leur tête, d’autres pas. J’ai fais des rencontres très tôt dans la musique avec des personnes comme Doc Gynéco ou Mc Solaar qui étaient très influent à l’époque, j’ai donc trouvé des aptitudes à pouvoir faire ça, et j’ai postulé à tous les concours de circonstances.

– Mais pourquoi, alors que tu étais soutenu par les plus grands, as-tu attendu aussi longtemps avant de sortir ton 1er album ?

– Cet album est là grâce au vécu, aux voyages et au travail. Le rap est un style musical, qu’on le veuille ou non, qui a un aspect plutôt sociale, on ne parle pas de n’importe quoi. Et même si j’ai tendance à ne pas vouloir être enfermé dans des cadres qui répondraient aux obligeances du style, on constate que traditionnellement et culturellement le rap est une musique qui dit quelque chose, et je ne pense pas que tu puisses dire grand chose si tu n’as pas vécu grand chose.

– Penses-tu que tout artiste devrait attendre 20 ans avant de se lancer ?

– Non, je pense qu’il faut attendre d’être prêt. Selon les gens ça peut varier.
Aujourd’hui, je sors de scène et je vois des gens qui me disent : « Ça fait longtemps qu’on attend ça ! » et je pourrais me demander si je me suis trompé, si j’ai mal fait ou bien fait d’attendre, mais je ne me pose pas la question. Je fais parce qu’un moment je me suis senti prêt à le faire.

– Qu’as tu appris durant cette (très) longue réflexion et qui ta inspiré pour cet album ?

– J’ai compris que la seule chose qui nous rapproche tous, au-delà de nos différences, c’est le temps. Et j’en suis arrivé à la conclusion : « qu’est ce que tu fais de ton temps ? comment tu l’emploies ? » et j’associe l’utilisation du temps à la liberté. Comment utilises-tu ta liberté avec le temps que tu possèdes ?

– Tu commences la musique à l’époque d’MC Solaar et sort ton album à celle de Maître Gims, que penses-tu des rappeurs « commerciaux » actuels ?

– C’est une question très subjective, mais au lieu d’être spectateur d’un spectacle qui me désole, j’ai préféré être acteur d’un spectacle que je monte, où il y a peut être moins de gens mais qui est en pleine éclosion et qui me rassure en tout cas.
Après je ne suis pas sûr qu’on fasse le même métier. Je fais de la musique, je me sens profondément musicien et j’ai donc un devoir de responsabilité de ce que j’envoie dans ma musique et dans mes textes, et le devoir de faire passer un bon moment au public qui vient me voir sur scène.
Je ne suis pas sûr que beaucoup de rappeurs aient cette même approche, mais je ne les blâme pas pour autant parce qu’ils ont des réponses à leurs calculs.

– Que fais-tu à 19h07 ?

– La même chose que toi (rire) !
19h07 c’est une manière d’arrêter le temps, de dire : « on pose les bases, on arrête les montres et on se met tous à la même heure ». J’ai passé beaucoup de temps à entendre des gens qui me disaient : « Ah c’est dommage, tu as raté ta chance ! Toi en plus tu as du talent et tu n’as rien sorti ! ». Soit c’est trop tard soit c’est trop tôt, et cette heure veut dire que je suis maître de mon propre temps, et même si je ne peux l’arrêter, je m’inscris dedans.

– Pour conclure, est-ce que cet album marque le grand départ de JP Manova, avec la sortie future de nouvelles productions ?

– Je suis sur ma lancée mais je n’ai pas de plan de route précis, mis-à-part la ré-édition de l’album en décembre avec 5 nouveaux titres que j’ai vraiment envie de présenter au public.
Il faut savoir que je n’ai pas mis 20 ans à faire cette album, car j’en ai plusieurs dans la soute, mais j’ai effectivement mis longtemps à comprendre l’intérêt de tout ça et aujourd’hui je suis prêt à continuer dans cette voie.